ÉcohlCité : des peintres muralistes à l’international

À la Guillotière, dans la cité Tony Garnier ou encore sur les bords de Saône, les fresques murales égayent les murs et surprennent les passants. Très peu de Lyonnais en connaissent pourtant les auteurs. Beaucoup ne savent pas non plus qu’il existe à Lyon une école unique au monde, qui forme au métier de peintre muraliste : l’ÉCohlCité.

Un voyage dans le temps et dans l’espace

Les élèves de l’ÉCohlCité ont présenté leurs travaux, jeudi 12 juin, dans le hangar qui leur sert d’atelier, à Pierre-Bénite. Au cours de cette soirée, le visiteur était invité à voyager dans l’espace et le temps, à travers les nombreuses peintures qui tapissent les murs. Visite en images...

De Van Gogh à Bernard Pivot, de Barcelone au Maroc, les étudiants ont pu aborder des thèmes, des couleurs, et des époques très divers. Certaines fresques mesurent plus de 18 mètres de long. Réalisées conjointement par les étudiants et les professeurs, elles ont nécessité des semaines de travaux.

Alexis et Juliette, élèves à l’ÉCohlCité, racontent le processus de création d’une peinture murale : "Durant la première phase, on imagine le croquis. On travaille à partir de dessins d’architecture, on calcule les échelles pour représenter la ville. Dans un second temps, on pose les matières, les sous-couches, les couleurs… et on ajoute enfin les personnages." Le résultat est impressionnant.

Le fruit d’une fusion entre Cité Création et l’école Émile Cohl

L’ÉCohlCité a été créée il y a deux ans, à l’initiative de l’école Émile Cohl et de Cité Création. La première est un établissement d’enseignement supérieur lyonnais, réputé pour sa formation dans le domaine de l’illustration, de la BD et du dessin animé. La seconde est une entreprise à la renommée internationale, créée à Lyon en 1978. Spécialisée dans la peinture urbaine, elle est l’auteure de 650 fresques à travers le monde (Jérusalem, Moscou, Mexico ou encore Berlin). À Lyon, elle est notamment à l’origine des murs de la cité Tony Garnier (8e arrt), ou ceux de la Sarra (5e).

Emmanuel Perrier, directeur délégué à l’école Émile Cohl, explique la naissance de l’ÉCohlCité, en 2012 : "Il se trouve que, depuis de nombreuses années, Cité Création venait recruter ses peintres au sein de l’école Émile Cohl. Les directeurs des deux entités se connaissant bien, ils ont décidé de faire quelque chose ensemble, pour former des jeunes à la peinture murale."

Un métier pour embellir les villes”

Les apprentis peintres muralistes viennent d’horizons variés. Tous ont le baccalauréat, et tous ont été reçus parmi les 30 acceptés chaque année, après avoir été sélectionnés pour leurs dessins. Emmanuel Perrier explique : "Il faut qu’ils aient avant tout l’envie de dessiner. On veut voir s’ils ont un œil, s’ils sont des dessinateurs dans l’âme."

Une fois au sein de l’ÉCohlCité, les étudiants reçoivent des cours théoriques sur la lumière, les couleurs ou les perspectives, dispensés par les professeurs de l’école Émile Cohl. Les cours plus pratiques sont, eux, à la charge des peintres de la CitéCréation.

Un bémol toutefois : les frais de scolarité sont très élevés. Un étudiant doit débourser environ 8 000 euros par an, pendant les trois ans que dure la formation. Après avoir réglé une telle somme, les élèves sont-ils assurés de trouver un emploi ? Gilbert Coudène, directeur de l’école, répond : "Il y a une grosse demande dans ce métier. Il y a de plus en plus de villes et de plus en plus de besoins. Bien sûr, pour exercer cette profession, et embellir l’espace urbain, il faut aimer voyager : ne pas avoir peur de passer du monde de l’habitat social à l’industrie, ou au sport."

Certains étudiants sont sceptiques, mais beaucoup veulent y croire. Les villes dites "du Sud" se développent, et cherchent à améliorer leur image. En témoigne la dernière commande de Shanghai à Cité Création : une fresque de 5 000 m2. Un record.

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