Momie d’enfant – Inv. N 2628 A – 332 av. J.-C.- 395 apr. J.-C. (époque ptolémaïque [?] ; époque romaine [?]), corps d’enfant et bandelettes. Paris, musée du Louvre © musée du Louvre, Dist. Grand Palais Rmn / Hervé Lewandowski – Service Presse du Musée Champollion

Exposition au Musée Champollion en Isère : cinq choses que vous ne saviez probablement pas sur les momies d’Égypte

Le musée isérois consacré aux frères Champollion propose une exposition inédite et passionnante en présentant des momies humaines et animales, parmi plus de 70 objets prêtés par de grandes institutions (musée du Louvre, Musée des Confluences, Musée des Beaux-arts de Lyon…), qui livrent quelques secrets de l’Égypte antique.

Leur usage étonnant dès le Moyen-Âge, leur dimension exotique au XIXe siècle, les recherches des frères Champollion à leur retour d’Égypte et, enfin, les études actuelles grâce aux techniques d’imagerie Synchrotron de Grenoble… cette exposition révèle la fascination qu’ont exercé les momies depuis des siècles.

Momie de femme, dite la « petite momie » – MG 3566(4), 1er siècle av. J.-C.-4e siècle apr. J.-C., corps humain féminin et bandelettes, restes de cartonnage. Musée de Grenoble © Ville de Grenoble / musée de Grenoble / J.L. Lacroix / Service Presse du Musée Champollion

1. Au Moyen-âge, la poudre de momies servait de… médicaments

Au Moyen-âge, la poudre de momie était recommandée par le célèbre médecin persan Avicenne (980-1037), comme un ingrédient pour des remèdes permettant de guérir certaines maladies. Le mot mūmyā, d’origine arabe, désigne la substance – le fameux "bitume" – utilisée pour embaumer le défunt, une poudre que les apothicaires recueillaient en grattant sur les bandelettes des momies. Cette matière était également utilisée comme engrais agricole et pour la production du “brun de momie”, un pigment pour la peinture.

Boite médicinale rectangulaire « Momie » – Inv. D.76.7.165 – 18e siècle, bois de peuplier, peinture – Troyes, Apothicairerie de l'Hôtel-Dieu-le-Comte © Carole Bell, Ville de Troyes / Service Presse du Musée Champollion

2. Les frères Champollion ont été les premiers à révéler l’usage funéraire des vases canopes

En 1812, Jean-François Champollion – qui a été le premier à déchiffrer les hiéroglyphes – démontre l’usage funéraire des vases canopes. Sans en comprendre leur fonction exacte, Champollion remet en question l’idée que ces vases “représentent un dieu appelé Canope”. Il fait alors chauffer l’un d’eux dans un bain-marie pendant près de deux heures et découvre des restes de foie, de cœur et de rate humaine. Ces vases sont, en réalité, destinés à recevoir les viscères du défunt lors du rituel de momification, emmaillotés dans des toiles pour être ensuite replacés dans la cavité thoraco-abdominale.

Vases canopes du père divin Shepses-Ptah – Inv. G 306 à G309, 26e-30e dynastie, calcite
Lyon, musée des Beaux-Arts (dépôt du Musée du Louvre, Paris) © Lyon musée des Beaux-Arts / Alain Basset
/ Service Presse du Musée Champollion

3. Au XIXe siècle, le "débandelettage" des momies étaient de véritables spectacles publics !

Au XIXe siècle, un véritable tourisme "exotique” s’est développé autour des momies en Égypte, et a vu des voyageurs ramener des milliers de corps embaumés en Europe, alimentant les cabinets de curiosités. Les momies, "débandelettées" en public, font l’objet de véritables spectacles de divertissement payants. Ces “ouvertures de momies”, s’adressent à la société mondaine en quête de frisson. Les participants sont même invités à garder en souvenir des restes de bandelettes ou des morceaux de momies !

Descente dans un puit de momie – Gravure extraite des Voyages De Mr. De Thevenot Tant en Europe qu'en Asie & en Afrique, vol.2, p 430a, Paris, Angot, 1689 © Heidelberg University Library / Service Presse du Musée Champollion

4. La région grenobloise à la pointe de l’égyptologie scientifique

Numérisation d’une momie d’ibis – Rendu 3D virtuel d’après microtomographie synchrotron © C. Berruyer / Novitom / Service Presse du Musée Champollion

Depuis les recherches menées par les frères Champollion, la région grenobloise est restée une terre d’étude et d’égyptologie. Au Synchrotron de Grenoble, gigantesque instrument destiné à l'accélération de particules élémentaires, des techniques d’imagerie et d’analyse permettent de voir à à l’intérieur de la momie elle-même, sans dégradation. C’est une véritable alternative au démaillotage des momies alors pratiqué au XIXe siècle. Elle permet d’obtenir des informations sur leur contenu, particulièrement sur les espèces animales, dont on apprend les conditions d’élevage et d’abattage de l’époque.

Numérisation d’une momie de rapace - Rendu 3D virtuel d’après microtomographie au synchrotron © Ph. Candegabe, muséum de la Ville de Grenoble / C. Berruyer, Novitom / Service Presse du Musée Champollion

5. Les momies sont des corps humains et sacrés qui méritent une réflexion éthique

L’autopsie virtuelle fait basculer l’égyptologie contemporaine dans une ère de respect et de dignité dû au corps humain. Désormais, il n’est plus nécessaire de mettre à nu les dépouilles pour qu’elles dévoilent leurs secrets. 

Test d'irradiation sur une momie égyptienne du Musée des Beaux-Arts de Grenoble, 1976 © ARC-Nucléart / Service Presse du Musée Champollion

Le Musée Champollion a construit le projet "avec une réflexion éthique, conciliant sciences et valeurs culturelles et sacrées". L’exposition veut, à travers la scénographie et la médiation choisies, respecter la dignité des défunts ainsi que la sensibilité du public.

Un parcours, accompagné d’un livret est proposé gratuitement aux enfants. Un dispositif sensoriel permet également de voir, toucher et sentir des composants utilisés dans l’embaumement des corps comme le fameux bitume, les bandelettes de lin ou encore des résines odorantes.


Curieuses momies, des Champollion au Synchrotron du 28 mars au 28 septembre 2025 au Musée Champollion – 1 rue du Portail Rouge, 38450 Vif.

Week-end inaugural le dimanche 30 mars avec une visite guidée de Caroline Dugand, conservatrice du musée à 11 h (gratuit). Sur inscription au 04 57 58 88 50.


© Département de l’Isère / Musée Champollion / Denis Vinçon

Le Musée Champollion
Installé dans la propriété familiale des Champollion, le musée présente la vie et l’œuvre de Jean-François, célèbre déchiffreur des hiéroglyphes, et de son frère aîné Jacques-Joseph dans des espaces reconstitués, grâce notamment à leurs objets personnels et leurs notes de travail.


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