Dans son rapport
sur l'école nationale de théâtre (Ensatt), la Chambre régionale des comptes n'est pas tendre avec cette institution basée à Lyon depuis 1997. Ni avec son directeur, Gérard Schembri, qui choisit de répondre dans Lyon Capitale : à ses yeux, la Chambre ne lui a pas laissé le temps de changer le "système" mis en place par son prédécesseur.
Lyon Capitale : Que pensez vous du rapport de la Chambre régionale des comptes sur l'Ensatt ?
M. Schembri : Globalement on l'accepte même s'il y a des points qui sont discutables. Nous avons été jugés comme si nous étions une université et aucune comparaison n'a été établie avec des établissements qui nous ressemblent. Or l'Ensatt est une école d'art, pas une université. Par exemple, la Chambre nous reproche d'embaucher des régisseurs techniques sur des postes d'enseignants. Mais ce sont des professionnels du spectacle qui accompagnent les élèves et ont donc une fonction pédagogique.
La Chambre vous reproche de ne pas respecter les procédures de recrutement...
Un poste vacant à l'université est publié sur des sites de l'Education nationale et des professeurs titulaires se portent candidats. Nous savons que nous n'avons aucune chance de trouver un enseignant capable de donner, par exemple, des cours de pratique théâtrale car il n'existe pas de formation. Donc fatalement nous prenons des contractuels sans mettre d'annonces.
Vous n'auriez donc aucun moyen de rester dans la légalité ?
Peu de temps après avoir été nommé, j'ai commencé à travailler sur des réformes. Au même moment la Cour des Comptes est arrivée. Des réformes avaient été initiées mais ça n'a pas été porté à mon crédit. Je discute depuis un an : c'est très difficile car l'origine de l'établissement fait que nous avons des circonstances atténuantes. Seulement, tout le monde dit que l'Ensatt est un établissement singulier, mais personne n'a donné à Patrick Bourgeois (son prédécesseur, ndlr) ou à moi les moyens de cette singularité.
La Chambre estime que les rémunérations ne sont pas en rapport avec les diplômes et l'ancienneté. Comment sont-elles calculées ?
Un contractuel est recruté en tenant compte de paramètres : le niveau de diplôme, le niveau de responsabilité et le niveau d'expérience professionnelle. La Chambre argumente sur le fait que certains ont un salaire trop élevé par rapport à leur âge. Seulement, les personnes que nous recrutons ont une renommée qui fait que nous sommes obligés de les payer suffisamment. Par ailleurs, il y a moins de charges à payer pour les contractuels que les titulaires, ce qui diminue le coût employeur.
Sauf que certaines des meilleures rémunérations bénéficient à la famille de l'ancien directeur...
Désigner son épouse est une pratique habituelle dans le spectacle. Patrick Bourgeois a engagé son épouse et son fils et en soit ce n'est pas illégal. La Chambre régionale des comptes me reproche d'avoir réengagé mon prédécesseur pendant quatre mois et me dit que c'est un emploi fictif. Or, quand j'ai engagé Patrick Bourgeois je n'étais pas encore nommé directeur, donc je lui est demandé de rester pour assurer la passation des dossiers. La Cour des comptes me reproche de faire perdurer le système Bourgeois.
Or, lors de mon élection, j'ai justement été appuyé par l'équipe pédagogique de l'école pour apporter des changements et non pour faire la continuité.
Propos recueillis par Marie Clergue
L'école de Greco, Rochefort ou Serrault
Surnommée "La rue Blanche", jusqu'à son déménagement à Lyon en 1997, l'école nationale supérieure des arts et techniques du théâtre est considérée comme la meilleure en France. L'école compte ainsi parmi ses anciens élèves Charles Aznavour, Guy Bedos, Jérôme Deschamps, Cécile de France, Juliette Greco, Isabelle Huppert, Francis Huster, Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, Michel Serrault, Jacques Weber, Isabelle Carré, Clothide Courau, Catherine Frot, Kristin Scott-Thomas.
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