Last Work © Ascaf

La danse organique d’Ohad Naharin

Le Ballet de l’Opéra de Lyon fait entrer dans son répertoire Last Work du grand chorégraphe Ohad Naharin.

Dernière pièce créée en 2015 avant qu’il ne quitte la direction de la compagnie israélienne La Batsheva, Last Work du chorégraphe Ohad Naharin rentre au répertoire du Ballet de l’Opéra de Lyon. 

Une gageure pour cette belle compagnie qui s’empare d’une danse sombre et organique où les interprètes éprouvent une multitude d’émotions comme autant de réflexions sur le monde, portées en crescendo par les sons électroniques de la DJ allemande Grischa Lichtenberger. 

Une danse qui puise au cœur de la technique “Gaga” inventée par le chorégraphe qui développe les sensations et l’imaginaire du corps pour inventer à l’infini de nouveaux mouvements.

Danseur au sein de prestigieuses compagnies, puis directeur des études chorégraphiques au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, Cédric Andrieux a été nommé en 2023 à la direction du Ballet où il fut danseur, imaginant une première saison 2024-2025 audacieuse et nous explique pourquoi cette entrée au répertoire.

Lyon Capitale : Pourquoi avez-vous choisi Last Work pour le Ballet ?

Cédric Andrieux : Parce que l’Opéra de Lyon c’est aussi la maison des grands créateurs et créatrices comme Lucinda Childs, Jirí Kylián jusqu’à William Forsythe et assez naturellement, il fait partie de ces grands artistes ayant créé une œuvre et une technique qui ont changé la façon dont on peut concevoir la chorégraphie, la danse, au même titre que Trisha Brown et Merce Cunningham. Il est d’autre part très plébiscité par les danseuses et les danseurs à travers le monde car c’est toujours une rencontre très forte pour eux. Last Work m’intéressait aussi car c’est une pièce un peu plus calme et poétique que d’autres œuvres peut-être plus frontales, également parce qu’elle est un peu plus ouverte en termes d’imaginaires, donnant aux spectateurs la possibilité de naviguer dans cette poésie et ces images sans qu’il y ait forcément des thèmes facilement identifiables. C’est une danse très incarnée avec une puissance incroyable sur scène.

Les danseuses et danseurs du monde entier le plébiscitent, pour quelle raison ?

Il y a une entrée qui est par la technique “Gaga” qu’il a inventée, principalement basée sur de l’improvisation et de la composition instantanées, donc il y a une forme de codification mais qui est codifiée par chacune et chacun avec leurs particularités, de fait il y a une appropriation plus directe, c’est d’ailleurs pour cela que cette technique peut être pratiquée par des amateurs, par tout le monde. Il y a une forme de liberté qui est perçue comme antinomique avec la question de la technique et puis il y a une forme de musicalité. Sa danse invite à aller au-delà des limites dans un engagement physique et émotionnel qui correspond à certains moments dans la carrière du danseur. C’est une pièce qui est faite pour les interprètes, il y en a dix-huit au plateau, il y a des solos, elle les révèle, elle donne à chacun un matériau propre avec lequel ils peuvent prendre des risques, faire des choix. Et s’il y a un challenge à relever, c’est au niveau de l’endurance physique et émotionnelle qu’ils doivent tenir durant toute la pièce.

C’est votre première saison, vous vous sentez comment au Ballet de l’Opéra de Lyon ?

Je suis très bien, les danseurs et les danseuses sont fantastiques et j’ai une équipe de choc à mes côtés. On a de nombreux projets et on tourne beaucoup après des années plutôt calmes. Ma première programmation me ressemblait, en fait, car j’ai beaucoup dansé pour la compagnie de Merce Cunningham, il y a également les pièces de Marlene Monteiro Freitas, Rachid Ouramdane, Christos Papadopoulos. Ce n’était pas une saison difficile à accompagner où j’avais l’impression de faire des compromis, bien au contraire. La première saison est toujours faite dans l’urgence car rien n’est testé, après le parti pris a été d’explorer tous les extrêmes dans lesquels le ballet peut aller, de Bella Figura de Jirí Kylián jusqu’à Nacera Belaza qui est l’artiste la plus radicale présentée en fin de saison, en passant par Ohad Naharin et en reprenant Set and Reset de Trisha Brown. Il s’agissait de voir comment on pouvait naviguer avec toutes ces esthétiques. La deuxième saison sera dans cette dynamique mais en allant explorer des territoires moins connus ou plus inattendus pour le ballet, avec également des écritures qui ne sont pas encore dans le répertoire.

Last Work - Ohad Naharin - Ballet de l’Opéra de Lyon – Du 12 au 17 avril à l’opéra de Lyon

www.opera-lyon.com

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