La Maison de la danse n’a pas attendu les compagnies aériennes pour nous concocter un programme new-yorkais. Sur les pas de Merce Cunningham, Bill T. Jones et Kyle Abraham, les Lyonnais vont pouvoir s’immerger dans la danse américaine en mode plaisir et ludique pendant presque un mois.
Élaboré avec un souci de pédagogie et de transmission, le programme new-yorkais de la directrice de la Maison de la danse, Dominique Hervieu, nous permet de retrouver deux figures emblématiques de la danse américaine (Merce Cunningham, décédé en 2009, et Bill T. Jones), nous plonge dans l’univers de la comédie musicale avec Bells are Ringing du Lyonnais Jean Lacornerie, et nous fait faire le grand saut vers un inconnu : un représentant de la danse new-yorkaise, Kyle Abraham.
L’aléatoire de Cunningham et 2 pièces de Bill T. Jones
Interprété par les danseurs du CNDC d’Angers, dirigé par Robert Swinston (un fidèle du maître), Event est composé d’éléments de plusieurs pièces créées par Merce Cunningham entre 1965 et 1990.
Le titre Event fait référence au fondement de son travail, la notion d’aléatoire dans le lien entre la danse et la musique, avec une approche chorégraphique qui considère que chaque interprète est le point de départ d’un espace permettant une multitude d’écritures. Ce faisant, il mettait les danseurs au même niveau et provoquait une rupture dans la hiérarchisation de l’exécution du ballet. C’est avec, entre autres, cette approche que Cunningham a embarqué la danse vers d’autres expérimentations et une plus grande liberté de création.
Artiste engagé, notamment auprès des Noirs et des homosexuels, Bill T. Jones revient avec deux pièces, sur des musiques de Ravel et Schubert, au cœur d’une danse lyrique et plus apaisée qu’il y a quelques années.
La danse politique d’Abraham
Kyle Abraham, 38 ans, est inconnu en France et pourtant on l’attend tel celui qui va enfin bouleverser nos scènes en mal de nouveauté. Il est vrai que les quelques images découvertes de son travail signent une écriture originale, simple et complexe à la fois. Concentrée à l’intérieur d’un vocabulaire classique, contemporain et hip-hop, elle donne vie à un langage élégant et urbain qui cherche la respiration entre la tension et le relâché.
Sa pièce Pavement est une histoire de transformation, de lutte et de violence. Elle évoque la situation des quartiers noirs de son Pittsburgh natal, la perte d’identité, leur évolution accompagnée de la disparition de l’élan culturel des années 1950 et de l’âge d’or du jazz. Aujourd’hui, ces quartiers sont soumis à un système de classes dont la proximité engendre des tensions toujours plus fortes. Ils sont soumis à la guerre des gangs et aux ravages de la drogue. Kyle Abraham a travaillé avec Bill T. Jones ; il s’inscrit naturellement dans la lignée d’une danse politique, identitaire et qui revendique l’esthétique.
Balade new-yorkaise en famille le 14 novembre
De nombreux événements ponctuent le regard sur New York de la Maison de la danse : rencontres avec les artistes présents, projections de comédies musicales à l’institut Lumière et une journée entière consacrée aux enfants (et aux parents).
Le 14 novembre, tous pourront en effet participer à des ateliers hip-hop ainsi qu’à une représentation de Deli Commedia Variation/La Boîte à joujoux de Merce Cunningham.
Cette journée sera ponctuée par un grand show-conférence (Swingin’ and Poppin’) conçu comme une balade à travers l’histoire du cinéma et de la danse au XXe siècle.
L’idée est de faire comprendre les liens existant entre les danses jazz et hip-hop, et l’influence réciproque des grands danseurs Fred Astaire et Michael Jackson.
Temps fort New York – Du 3 au 26 novembre, à la Maison de la danse.