“Peu m’importe que l’on m’appelle autrice, auteure, auteuse, auteuresse ou ce que l’on veut, du moment que l’on me lit.” Tel est le parti que prend Judith Wiart sur cette vaine querelle linguistique. Elle n’a pas tort. C’est toujours un plaisir de retrouver son écriture malicieuse, portée par un humour qui se moque de l’esprit de sérieux et des polémiques stériles.
Sa dernière publication sort de son domaine accoutumé : ces chroniques douces amères (Pas d’équerre, Le Jour où la dernière clodette est morte) où elle s’attarde sur ses souvenirs, ses observations du quotidien. Elle se plie avec souplesse à la contrainte imposée par la collection La fille du Poulpe : mettre en scène une héroïne contemporaine, engagée, curieuse et amoureuse, qui a eu 24 ans en 2024. Elle se glisse dans la peau de la fille du Poulpe et l’amène sur un territoire qu’elle connaît bien, pour y avoir vécu elle-même des années : Le Havre. Pas forcément une contrée riante… Mais dont elle sait parfaitement décrire le charme qui s’y niche malgré tout, le ciel gris et pluvieux, le béton omniprésent et la Manche résolument glaciale, hostile à ceux qui s’aventurent sur ses plages.
Comme il se doit, l’intrigue est policière, même s’il n’y a pas vraiment de flic dans l’histoire. En revanche, il y a une drôle d’enquête menée par Gabriella, la fille – adoptive – du Poulpe. Venue, avec son mètre quatre-vingts, pour animer un stand humanitaire lors d’un festival littéraire, elle se met en tête de résoudre le crime qui vient d’y être commis : Mister Peace, directeur de l’événement, a été repêché dans le bassin du commerce, raide mort. Elle est alors loin de se douter que ses investigations vont la ramener au lieu dont elle débarque, La Paz, la Bolivie. Après moult péripéties où l’on découvre les dessous peu reluisants des milieux politique, littéraire et humanitaire havrais.
Un Havre de paix – Judith Wiart, éditions Moby Dick, collection La fille du Poulpe, 216 p., 11,50 €.