Mon ado n’aime pas le sport : que faire ?

119e sur 146 pays… C’est le classement de la France concernant le niveau de pratique d’activité physique et sportive chez les adolescents. S’il est urgent de remettre les jeunes en mouvement, comment peut-on s’y prendre ? Et pourquoi traînent-ils des pieds pour se bouger ?

Les faits sont alarmants. En 40 ans, les collégiens ont perdu 25 % de leurs capacités physiques. Par ailleurs, 37 % des 6-10 ans et 73 % des 11-17 ans n’atteignent pas les recommandations d’activité physique de l’Organisation mondiale de la santé 1. Le covid a exacerbé le phénomène et marqué une véritable rupture dans la pratique sportive chez les jeunes. Coralie Dumoulin, présidente de l’association lyonnaise Fort en Sport, qui accompagne les personnes en surpoids ou obèses avec des propositions d’activités physiques, un suivi diététique et en éducation thérapeutique, explique : “Le covid a instauré de mauvaises habitudes d’inactivité et de sédentarité chez les jeunes, avec une hausse significative du temps passé assis voire couché.” S’il n’est pas possible de revenir en arrière, il ne faut pas prendre cette tendance comme une fatalité : il n’est jamais trop tard pour agir.

Les nombreux bienfaits du sport

Les bienfaits du sport ne sont plus à démontrer. Il améliore les capacités cardiorespiratoires et diminue le risque de maladies chroniques. Il stimule les défenses immunitaires et limite les risques de surpoids. Plus largement, il contribue à se sentir bien dans son corps. Ainsi, il aide l’enfant à développer sa coordination, son équilibre, sa souplesse, son endurance… Au-delà du simple bénéfice physique, la pratique d’un sport contribue au bon équilibre psychologique, notamment en déclenchant la production des hormones du bonheur, du plaisir et régulatrices de l’humeur. “L’activité sportive a des effets indéniables sur le bien-être, souligne Coralie Dumoulin. Elle booste la confiance en soi et l’estime de soi. Elle favorise la socialisation et permet de réduire le stress, l’anxiété, la fatigue et même la dépression. Faire du sport aide également à avoir une quantité de sommeil adaptée.” Par ailleurs, l’activité physique a un effet bénéfique sur le fonctionnement du cerveau et les performances scolaires, en améliorant notamment la concentration, la rapidité d’exécution, les facilités d’apprentissage, en donnant le goût de l’effort… “Plus on est actif, plus on développe des fonctions cognitives importantes. Il a été d’ailleurs démontré que les performances scolaires en mathématiques, français et langues étrangères étaient meilleures pour les enfants pratiquant une activité physique régulière”, ajoute la présidente de Fort en Sport.

Fausses excuses et vraies raisons

“J’ai la flemme”, “je n’ai pas le temps” ou tout simplement “je n’aime pas le sport”… Les adolescents trouvent toujours de bonnes excuses pour ne pas se bouger. Derrière elles se cachent de multiples raisons : ses goûts ont changé et il rejette ce qu’il aimait étant petit, il a d’autres préoccupations, les écrans ont envahi sa vie, c’est un moyen de s’opposer à ses parents ou ce n’est pas lui qui a choisi son activité… “Mon père fait beaucoup de tennis et il voulait absolument que j’en fasse moi aussi, témoigne Mattéo, 20 ans. Il m’a inscrit dans un club lorsque j’avais 7 ans, alors que ça ne me motivait pas spécialement. Petit à petit, je me suis pris au jeu, j’étais plutôt bon, mais je détestais les matches. Ça me mettait une pression que j’avais du mal à supporter, je n’y prenais aucun plaisir. D’autant que mon père en rajoutait, me disputait lorsque je perdais… Quand je suis rentré au lycée, j’ai prétexté une surcharge de travail pour arrêter. Et je me suis rendu compte que cela m’avait dégoûté de tout sport. Maintenant, je suis en études supérieures et je pense tester le running car j’ai des copains de mon école qui courent. Mais à mon avis, je ne toucherai plus jamais une raquette de ma vie.” Ne pas vouloir suivre une activité sportive peut aussi être le signe d’un manque de confiance en soi, de peur de l’échec et de la confrontation avec les autres… “L’arrêt du sport est généralement multidimensionnel et propre à chaque individu, note Coralie Dumoulin. À l’origine, on peut trouver différents aspects psychosociaux, comme de l’anxiété, de la dépression, une fatigue… Également la relation au corps à l’adolescence qui peut être compliquée. Les bouleversements physiques sont conséquents, notamment chez les filles, qui ne veulent pas s’afficher… Cela peut s’illustrer par le syndrome des trois H : je ne fais plus de sport (hypokinésie), donc je ne suis plus capable d’en faire (hypoxie) ce qui me conduit à ne plus avoir envie d’en faire (hypodynamie). En résumé, moins on en fait, moins on a envie d’en faire. C’est une spirale négative dans laquelle le jeune perd confiance et se déconditionne. Inverser la tendance n’est pas toujours facile.”

Retrouver le goût du sport

Si l’on veut remettre son ado en mouvement, il va falloir l’écouter afin de décrypter les véritables freins qui se cachent derrière ses multiples prétextes et trouver ce qui pourrait le motiver. Inutile de rentrer dans de grands discours sur sa santé à long terme, il n’y sera pas sensible. À cet âge-là, on se sent invincible, et on n’a pas toujours envie d’être raisonnable. Certains arguments comme le regain d’énergie, l’incidence sur la silhouette ou encore la perte de poids peuvent trouver un écho favorable auprès de certains jeunes. Mais comme l’explique Coralie Dumoulin, ce qui sera le véritable moteur, c’est le plaisir. “Pour reprendre le sport et s’engager durablement, le jeune doit trouver la pratique qui lui plaît. On n’hésite pas à creuser pour comprendre ce qui a de l’importance pour lui, et on respecte ses envies : souhaite-t-il pratiquer avec un ou plusieurs copains ? A-t-il besoin d’une certaine liberté dans l’emploi du temps ? Recherche-t-il un sport qui ne soit pas orienté vers la performance ? On n’hésite pas à s’appuyer sur une personne extérieure qui pourra le motiver avec bienveillance : un copain, un adulte que le jeune estime, le médecin de famille… Quoi qu’il en soit, la reprise doit se faire progressivement. Idéalement, le jeune doit être accompagné pour éviter les blessures.” “J’ai arrêté la gym au moment du covid, et depuis je n’ai pas repris, raconte Capucine, 17 ans. Je suis en terminale, et j’ai un emploi du temps chargé, pas mal de stress, et je me sens souvent fatiguée. Paradoxalement j’ai l’impression que reprendre un sport m’aiderait à être plus en forme. Ce qui pourrait me décider, ce serait d’en faire avec un groupe d’amis, mais en mode détente, sans pression ni compétition. À mon avis, ce serait sympa qu’on s’inscrive tous dans la même salle de sport. Et ça nous permettrait d’avoir des horaires flexibles.” Le parent doit faire preuve de souplesse face à cette reprise d’activité et ne pas s’attendre à ce que son enfant soit à fond dès les premières séances. Il faut accepter qu’il ait des baisses de motivation, qu’il n’apprécie pas l’activité sportive dans laquelle il s’est lancé… Il ne s’agit pas de lui mettre la pression, encore moins d’entrer en conflit avec lui. Il faut rester positif, s’adapter à son rythme et apprécier le moindre progrès.

Par ailleurs, on garde bien en tête que cette activité sportive doit s’inscrire dans un équilibre global. Alimentation, sommeil, temps d’écrans… C’est parfois toute une hygiène de vie qu’il faut revoir. Le jeune mettra ainsi toutes les chances de son côté pour que sa reprise du sport soit agréable et pérenne.


  1. Recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour les adolescents de 12 à 17 ans :
  • 60 minutes par jour d’activité physique d’intensité modérée à soutenue. Cela peut être une pratique sportive, mais aussi le fait de bouger, de se déplacer à pied ou à vélo, de se promener, de participer aux tâches ménagères…
  • Ce temps doit inclure des activités de renforcement musculaire et osseux au moins 3 fois par semaine.
  • Le temps de sédentarité doit être limité : il ne faut pas rester assis ou couché plus de 2 heures d’affilée.

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