Yohan Triboulet, membre de Résistance à l'agression publicitaire Lyon, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.
Yohan Triboulet, membre de Résistance à l’agression publicitaire Lyon, est l’invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

"Nous sommes soumis à environ 2 000 publicités chaque jour" assure Yohan Triboulet

Yohan Triboulet, membre de Résistance à l'agression publicitaire Lyon, est l'invité de 6 minutes chrono / Lyon Capitale.

La journée mondiale contre la publicité, qui se tient le 25 mars, met en lumière les conséquences néfastes de l'omniprésence publicitaire. Pour en parler, Lyon Capitale a reçu Yohan Triboulet, membre de l'association Résistance à l'agression publicitaire (RAP), engagée contre l'envahissement de l'espace public par les annonces commerciales.

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Selon Yohan Triboulet, la publicité n'est pas seulement intrusive, elle est aussi à l'origine de nombreux problèmes sociétaux. "Nous sommes soumis chaque jour à entre 1 000 et 2 000 publicités", explique-t-il. Il pointe du doigt des effets délétères sur la consommation, l'environnement et la société : "La publicité pousse à la surconsommation, ce qui entraîne des problèmes sanitaires, sociaux et écologiques". Au-delà de cet impact, l'activiste dénonce des messages parfois "individualistes, sexistes ou climaticides" et rappelle l'influence qu'exerce la publicité sur la presse. Face à cette situation, RAP agit sur plusieurs fronts. L'association nationale produit des rapports d'analyse servant de support à la sensibilisation et au plaidoyer politique. Localement, des collectifs organisent des actions allant de l'éducation à des performances artistiques dans l'espace public. "Il s'agit de recouvrir des affiches publicitaires avec des messages d'information ou des créations artistiques", précise Yohan Triboulet.

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Lyon et la régulation publicitaire

En juin 2023, la Métropole de Lyon adoptait un Règlement local de publicité intercommunal (RLPI), visant entre autres choses, à réduire de 60 à 90 % le nombre de panneaux publicitaires et à limiter leur taille. Une avancée, mais qui reste insuffisante selon RAP. "Ce règlement est bon comparé à ceux d'autres villes, mais il ne concerne que la densité et la taille des publicités", explique Yohan Triboulet. Selon lui, d'autres leviers existent, notamment la renégociation des contrats de mobilier urbain, comme l'a fait Grenoble, qui a supprimé la publicité de son espace public, expose-t-il. "À Grenoble, cela ne représentait que 0,1 % du budget de la commune".

Plus de détails dans la vidéo :


Bonjour à tous, bienvenue dans l'émission de 6 minutes chrono, le rendez-vous quotidien de la rédaction de Lyon Capitale. Aujourd'hui, on va parler de publicité à l'occasion de la journée mondiale contre la publicité qui se tient le 25 mars et pour en parler, nous recevons Yohan Triboulet, membre de Résistance à l'agression publicitaire. Bonjour Yohan Triboulet.
Bonjour, merci de me recevoir.
Merci d'être sur ce plateau. On va un peu rentrer dans le vif du sujet. Est-ce que d'abord, vous pouvez nous présenter RAP, donc Résistance à l'agression publicitaire ?
Oui, alors Résistance à l'agression publicitaire est une association de loi 1901 qui a plus de 30 ans. Son objet social est de lutter contre les effets néfastes de la publicité, à la fois pour nous, citoyens, et pour l'environnement.

Parce que l'impact négatif de la publicité, qu'est-ce que c'est ?
On parle d'agression publicitaire parce que la publicité nous est imposée. Il faut savoir qu'on est soumis tous les jours à entre 1000 et 2000 publicités, que ce soit dans la rue, dans les médias ou ailleurs. La publicité est néfaste pour plusieurs raisons. D'abord, elle pousse à la surconsommation, ce qui pose des problèmes sanitaires, sociaux et environnementaux. Ensuite, la publicité véhicule parfois des messages individualistes, sexistes ou climaticides. On pourrait aussi parler de son impact sur la liberté éditoriale des médias.

Oui, car les médias vendent des espaces publicitaires sur tous les supports : télé, radio, presse écrite. Est-ce que vous pouvez nous présenter vos modes d'action ? Qu'est-ce que fait Résistance à l'agression publicitaire ?
Résistance à l'agression publicitaire est une association nationale. Il existe des groupes nationaux qui réalisent une veille sur la publicité et produisent des rapports. Ces rapports servent ensuite à sensibiliser le public, à mener des actions de plaidoyer auprès des responsables politiques et à lancer des pétitions. Au niveau local, les groupes organisent différentes actions, allant d'ateliers pédagogiques à des actions non-violentes de recouvrement des publicités par de l'art ou de l'information.

Pour alerter et se rendre visible du grand public ?
Et pour amener le débat sur la publicité.

Localement, en juin 2023, la métropole de Lyon a voté le règlement local de la publicité (RLPI), considéré comme ambitieux. Il prévoit notamment une réduction de 60 à 90 % des panneaux publicitaires, une diminution de leur taille et une limitation près des écoles. Est-ce que, selon vous, on aurait pu aller plus loin ?
RAP était membre du collectif Plein La Vue lors de l'élaboration de ce RLPI. C'est un bon règlement comparé à ceux des autres villes françaises. Mais le RLPI ne traite que de la disposition, de la densité et de la taille des publicités. D'autres leviers existent, notamment au niveau législatif, comme la loi Evin sur le tabac.

La loi nationale, donc.
Oui. Au niveau local, les compétences sont limitées. Mais il y a aussi la possibilité d'agir sur les contrats de mobilier urbain. Ces contrats permettent aux publicitaires comme JCDecaux d'installer du mobilier en échange d'espaces publicitaires. Ces contrats peuvent être renégociés ou non reconduits, comme à Grenoble, où il n'y a plus de publicité et où les habitants ne s'en portent pas plus mal.

Actuellement à Lyon, JCDecaux finance les abribus et les Vélo'v en échange d'espaces publicitaires. À Grenoble, la collectivité prend à sa charge le coût du mobilier urbain.
Exactement. À Grenoble, cela représentait seulement 0,1 % du budget de la commune.

Ce n'est donc pas un coût majeur. J'ai une dernière question, puisque nous arrivons à la fin de l'émission. Comment se protéger de la publicité ? Avez-vous des conseils ou un guide pour le grand public ?
D'abord, utiliser des bloqueurs de publicité sur Internet, comme Firefox avec l'extension uBlock Origin. Ensuite, il faut réfléchir à ses achats : se demander si on en a vraiment besoin ou si c'est une publicité qui nous pousse à acheter. Enfin, s'engager localement, interpeller les responsables politiques, notamment en période électorale, pour demander moins de publicité. Et bien sûr, suivre RAP sur les réseaux sociaux et notre site Internet.

Ce sera le mot de la fin. Merci beaucoup Yohan Triboulet d'être venu sur notre plateau. Merci à vous de nous avoir suivis. Retrouvez plus de détails sur la publicité et sa régulation dans la métropole de Lyon sur lyoncapitale.fr. On le rappelle, les Grands Lyonnais sont exposés à plusieurs milliers de publicités par jour. À très bientôt !

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