SNCF, TER, train
Image d’illustration d’un TER, SNCF @ Cheyenne Gabrelle

À Lyon, État, Région et Métropole font un tout petit pas vers un futur RER lyonnais

État, Région, Sytral et Métropole ont lancé vendredi 28 mars une nouvelle étude (la dernière) dont l'objectif est de préfigurer le futur Service express régional métropolitain (SERM) lyonnais, successeur du RER lyonnais.

Près de 2,5 millions d'euros pour lancer une étude visant à étudier d'autres études. En langage officiel : une "phase de préfiguration" du Service express régional métropolitain (SERM), successeur du RER lyonnais. "Mais ce n'est pas une étude pour rien", tient à rassurer le vice-président aux transports de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Frédéric Aguilera, qui avait anticipé la critique. Vendredi 28 mars, la préfète du Rhône, Fabienne Buccio a officialisé le lancement de cette première étape accompagnée de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, du Sytral et de la Métropole de Lyon.

Lire aussi : Train : le plan pour décongestionner le réseau lyonnais

"Nous irons bien au-delà du territoire du Sytral"

Cette phase de préfiguration consistera principalement à agglomérer les études déjà lancées par les différentes parties prenantes afin d'évaluer le coût , le périmètre et les ébauches du plan de financement du SERM lyonnais. À terme, "des modes de transports mieux connectés entre eux, des trajets entre la Métropole et sa périphérie plus faciles" promet la préfète Fabienne Buccio. En Auvergne-Rhône-Alpes, c'est le sixième et dernier SERM à être lancé.

En bref, l'objectif est de faire circuler davantage de trains, avec davantage de capacité d'emport. Les acteurs du projets promettent également plus de fréquences en heures de pointe : un train tous les quarts d'heure en première couronne, un train toutes les demi-heures "pour les liaisons reliant les gares de deuxième couronne aux gares centrales". Le tout sur des plages horaires plus larges, "de 5 h à 23 h", promet Frédéric Aguilera. Difficile de dire pour l'heure sur quel périmètre s'étendra le projet puisque c'est précisément l'une des questions à laquelle devra répondre l'étude. "Nous irons bien au-delà du territoire du Sytral", assure en tout cas Frédéric Aguilera qui espère que le projet permettra à terme d'atteindre les 300 000 voyageurs quotidien sur le réseau des TER. Un premier pas donc, pour un projet qui s'annonce être un casse-tête, alors que des problématiques pourtant préalables à ce dernier ne sont pas encore réglées.

"Il faut désaturer l'étoile ferroviaire lyonnaise", rappellent les écologistes

"Il faut désaturer l'étoile ferroviaire lyonnaise, la libérer du fret pour faire de la place aux trains voyageurs", a ainsi rappelé Vincent Monot, vice-président de Sytral mobilités. En clair : le contournement ferroviaire de l'agglomération lyonnaise (CFAL Nord) doit être réalisé, projet dont la première phase pourrait coûter entre deux et trois milliards d'euros, dont la déclaration d'utilité publique date de 2012 et dont la dernière avancée est un accord État-Métropole pour une convention de financement des études de l’avant-projet chiffrées par l’Etat à 50 millions. L’Etat met 37 millions, la Métropole 5 millions. Il reste 8 millions que la Métropole espère voir financer par la Région. À l'évocation du sujet ce vendredi, la préfète du Rhône a d'ailleurs botté en touche indiquant simplement, "nous avons un accord avec la Métropole".

Dans le même temps, en décembre 2024, la Région a débloqué 30 millions d'euros pour boucler le tour de table concernant les accès du Lyon-Turin, mais ne compte pas financer le CFAL. Son président a plutôt proposé jeudi 27 mars un plan visant à faire circuler "100 trains de plus chaque jour", soit environ 15 % d'augmentation du service, correspondant en langage techno à un "RER de niveau 1". Il faudra pour boucler ce plan que la Métropole accepte de le financer à 50 %, pour un montant de 10 millions d'euros. Elle n'a pour l'instant pas encore donné sa réponse. L'heure n'était pas à évoquer les sujets qui fâchent ce vendredi, mais plutôt à assurer qu'il "faudra une gouvernance partagée" pour le futur SERM. La hache de guerre est enterrée entre Région et Métropole, le temps d'une étude à 2,5 millions. Mais l'heure des choix budgétaires viendra, et la situation financière d'un état endetté à plus de 3 000 milliards d'euros n'aidera pas à faire avancer des projets coûteux et longs à mettre en oeuvre.

Lire aussi : Un RER lyonnais "niveau 1" d'ici fin 2026 ? La Région prévoit 15 % de trains en plus chaque jour

Focus - Les trois grands chantiers d’ici 2035

 1/ Le contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise nord (CFAL nord) : pensé d’abord comme un ensemble avec sa partie sud, c’est finalement seulement le tronçon nord – entre Ambérieu-en-Bugey et près de Grenay – qui a été choisi dans un premier temps. En effet, seule cette partie bénéficie d’une déclaration d’utilité publique (DUP), condition sine qua non pour réaliser des opérations d’aménagement sur des terrains privés via des expropriations notamment. Problème, la DUP a été faite en 2012. Or “les études environnementales deviennent anciennes”, soulignent les experts du ministère des Transports. En réponse, SNCF Réseau indique que “la DUP dure quinze ans et peut être renouvelée une fois. De plus, nous allons lancer de nouvelles études d’impact”. La voie prévue longera donc la ligne de TGV et permettra d’éviter que le fret sur l’axe nord-sud entre dans le centre-ville, comme c’est le cas aujourd’hui. À la clé, une libération de voies dans Lyon et donc plus de trains voyageurs en activité. Le total se chiffrerait à un investissement de deux milliards d’euros pour une mise en service en 2035. Cette nouvelle voie permettra aussi de raccorder le fret au projet Lyon-Turin, malgré l’absence de CFAL sud, “repoussé aux calendes grecques”, selon Jean-Charles Kohlhaas (EÉLV).

 2/ Ensuite, le franchissement du Rhône via un nouveau pont ferroviaire à Chasse-sur-Rhône : estimé à 500 millions d’euros, ce projet a pour objectif de décongestionner le micro-nœud autour de Givors. Il permettrait surtout de relier Lyon à la rive droite du Rhône, une ligne exclusivement de fret en direction de Marseille puis de l’Espagne. L’effet recherché est de libérer des voies pour les voyageurs effectuant les trajets Lyon/Vienne et Perrache/Saint-Étienne.

 3/ Enfin, la mise à quatre voies entre Saint-Fons et Grenay est aussi sur les rails pour 2032 : aujourd’hui, le tronçon débute à quatre voies et termine à deux. Un problème quand on sait qu’il est utilisé à la fois par les TER, le fret en provenance de Grenoble puis l’Italie, et les TGV partant vers Marseille. Les TGV doivent d’ailleurs se synchroniser avec des TER qui s’arrêtent quasiment tous les dix kilomètres dans les communes du tronçon, empêchant d’installer plus de trains tant la ligne est saturée, et accusant les mécontentements fréquents des utilisateurs. “L’idée de la mise à quatre voies est donc de dissocier les flux de TGV avec les autres flux. C’est essentiel si l’on veut instaurer un RER qui passera toutes les quinze minutes dans ces communes”, explique Béatrice Leloup. Le coût de l’opération est estimé à environ 1 milliard d’euros et pourrait être mis en place progressivement. Le projet permettrait aussi de capter les flux de fret en provenance du CFAL nord et du nouveau pont de Chasse-sur-Rhône… comme le ferait un contournement sud.

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