Le budget 2025 de la Métropole de Lyon présenté par l'exécutif écologiste dans un contexte économique restreint a vivement fait réagir l'opposition ce lundi.
Le conseil métropolitain a adopté lundi 17 mars le budget 2025 de la Métropole de Lyon, qui s'établit à 3,914 milliards d'euros, dont 809,2 millions d'euros d'investissements. Le groupe la Métropole en commun de Mathieu Azcué et Nathalie Perrin-Gilbert, membre de la majorité, s'est abstenu, déplorant les coupes budgétaires dans la culture notamment. La France insoumise a, de son côté, voté ce budget.
"L'État a parfois bon dos" note Nathalie Perrin-Gilbert
Dans un contexte économique restreint, avec "60 millions de pertes ou de dépenses supplémentaires pour la Métropole de Lyon", selon Bruno Bernard, le président écologiste de la collectivité a assuré que la Métropole maintiendrait son rôle de bouclier social, qui représente le premier budget de la collectivité, avec 767 millions d'euros. Ce budget a d'ailleurs augmenté de 24 % depuis 2024 en ce qui concerne le handicap, de 18 % pour l'autonomie, et de 41 % pour la protection de l'enfance.
Le RSA jeune sera maintenu, malgré le contexte budgétaire, ce qu'a regretté Véronique Sarselli, la maire LR de Sainte-Foy-lès-Lyon, alors que cette aide est accordée "sans contrepartie", a-t-elle déploré. Elle constitue une dépense d'environ 4,4 millions d'euros. Vient ensuite dans l'ordre des priorités affirmées, le logement, avec notamment 30 millions d'euros d'aides à la pierre, pour un budget total d'un peu moins de 94 millions d'euros. L'opposition a néanmoins regretté une baisse des crédits alloués à la politique de l'habitat et à l'inclusion par le logement. Enfin, Bruno Bernard a réaffirmé comme troisième priorité "l'adaptation au changement climatique", alors que l'ensemble des dépenses environnementales de la collectivités représente 472,7 millions d'euros dans le budget 2025.
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Pour réduire les dépenses, la collectivité a fait le choix de négocier avec les grosses structures culturelles dont elle est le principal financeur (voire l'unique financeur pour le musée des Confluences). Les Nuits de Fourvière perdent ainsi 300 000 €, la Biennale de la danse, 200 000 €, et le festival Lumière, 100 000 €. La Fête des lumières perd également sa subvention de 80 000 €, tandis que la cité internationale de la gastronomie à Lyon perd son aide d'un million d'euros accordée en 2024.
L'opposition demande un point sur les projets d'investissements
Bruno Bernard l'a répété vendredi 14 mars, "tous les projets qui n'ont pas été lancés seront réexaminés, tous ne seront pas réalisés". "Lesquels ?" a de nouveau demandé ce lundi Didier Vullierme du groupe Alliance démocrate et progressiste, co-présidé par David Kimelfeld et Fouziya Bouzerda. Le conseiller métropolitain, s'appuyant sur un rappel au règlement, a ainsi demandé une estimation de l'avancement de la programmation pluriannuelle des investissements. Une demande appuyée par les groupes La Métro positive, Synergies et Inventer la métropole de demain. "On se demande pourquoi vous faite preuve d'un tel manque de clarté sur ce mystère de l'avancement des projets sur notre territoire", a tancé la maire de Sainte-Foy-lès-Lyon, Véronique Sarselli.
"Ce budget met en lumière ce que vous êtes prêt à sacrifier"
Des coupes qui ont rendu "impossible" l'adoption du budget par le groupe de gauche la Métropole en commun a déploré Nathalie Perrin-Gilbert. "Vous fragilisez tout un écosystème", a tancé l'ex-adjointe à la culture de la Ville de Lyon, jugeant "insidieuse" la baisse de 5,8 % de la subvention accordée au théâtre des Célestins. Estimant que "l'État a parfois bon dos", l'élue a déploré "une insuffisance de pilotage, notamment 2023", avec une hausse des dépenses de fonctionnement de 210 millions d'euros malgré une baisse des recettes. Selon elle, cette situation a conduit à "un coup de frein brutal à l'été 2024", dont les victimes ont été le musée des Confluences, mais aussi "des femmes mises à la rue avec leur nourrisson en sortie de maternité".
Dans le sport également, la Métropole de Lyon est allée chercher des économies. Les coupes affecteront l’OL, l’Asvel et le LOU Rugby (2,3 millions contre 2,7) mais pas le soutien au développement du sport féminin (900 000 euros) et la formations aux violences sexistes et sexuelles, deux priorités de l'exécutif. Côté com', la collectivité renonce a ses stands lors de plusieurs évènements, pour économiser 500 000 €. Le soutien à l'entreprenariat quant à lui est amputé de 500 000 €, combiné à une hausse de la cotisation foncière des entreprises de 6 %, passant de 28,62 % à 30,43 %.
"Vous n'avez aucune proposition sérieuse" juge Bruno Bernard
Des mesures dénoncées par Nicole Sibeud du groupe Inventer la Métropole de demain et par l'ensemble de la droite et du centre qui a évoqué "une pression toujours plus forte sur les entreprises". L'élue a par ailleurs tancé la réduction de 2,7 millions d'euros du budget des collèges, mettant selon elle "en lumière ce que vous (Bruno Bernard, Ndlr) êtes prêt à sacrifier". Le président écologiste a défendu son choix en reconnaissant cette réduction, tout en rappelant qu'en 2019, "le budget éducation était de 28,9 millions d'euros €. Entre 2019 et 2025, le budget augmenté de 38 % avec une population scolaire pas particulièrement en hausse".
Plus globalement, l'opposition a déploré une dégradation des indicateurs économiques de la collectivité, avec notamment une augmentation de la capacité de désendettement et une baisse de plus de 20 % de l'autofinancement. "À ce rythme, le seuil d'alerte sera très vite atteint", a prévenu Didier Vullierme. Et Véronique Sarselli d'abonder : "Vous laissez à vos successeurs une Métropole affaiblie." Des propos qui ont vivement fait réagir Bruno Bernard dénonçant le "néant" des pistes d'alternatives proposées par l'opposition. "J'ai retenu une proposition d'économie sur le Revenu Solidarité Jeunes. Sinon, vous n'avez aucune proposition sérieuse", a-t-il lancé.
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On a enfin trouvé le soutien de Véronique Perrin-Gilbert.