Une réunion publique à Décines mardi soir et une journée marathon le lendemain aux quatre coins de la métropole lyonnaise : Vaulx-en-Velin, Bron, Saint Fons avant de terminer par une promenade pluvieuse mais joyeuse en compagnie de Gérard Collomb sur les berges du Rhône.
Une fâcherie entretenue
C'est amusant cette tentation de vouloir faire une " image " en s'affichant aux côtés du maire de Lyon afin de démontrer à tous que tout va pour le mieux désormais entre les deux hommes. Pourtant lorsqu'on croise M. Peillon, ce dernier se montre toujours agacé par les questions sur sa relation avec le maire de Lyon. " Je ne vais pas passer ma vie à parler de Gérard Collomb. Parlons un peu du fond ! " dit-il en substance. Une première " image " avait déjà été organisée lors du match Lyon-PSG. Vincent Peillon était l'invité de Gérard Collomb dans les loges du stade de Gerland. Martine Aubry avait même autoriser Vincent Peillon à sécher le premier meeting de campagne du PS qui s'est tenu à Toulouse pour faire une " image " avec Gérard Collomb. En coulisses, il n'y a d'ailleurs plus lieu de douter des relations que les deux dirigeants entretiennent mais tous deux s'évertuent à en donner la preuve en public. Par deux fois déjà ! Les mêmes questions revenant sans cesse évacuant les questions de fond et entretenant automatique l'affaire de leur petite fâcherie : " Alors messieurs, il n'y a plus d'animosité entre vous ? ". Réponse (type): " Mais il n'y a jamais eu de problèmes. Les choses ont été dites et il s'agissait bien plus d'une critique sur les méthodes du PS qu'une critique sur les personnes ". Mais alors si tout va bien, pourquoi s'évertuer à le faire entrer dans le crâne des journalistes à coup de marteau? Une " image " à Gerland, n'était-ce pas suffisant ?
La forme
Car hier sur les berges, on a atteint le pompon de la com'. Au moment de pénétrer dans le 3e arrondissement de Lyon, Thierry Philip, le maire de l'arrondissement, est venu accueillir Gérard Collomb et Vincent Peillon. On se souvient que Philip avait la préférence de Collomb pour conduire la liste du PS dans la région Sud-Est. Imaginez la scène : un cortège déambule sous des parapluies le long des berges. Et M. Philip accoure dans l'autre sens,, toujours sous un parapluie, pour venir saluer son pseudo rival. L'image sera belle, les trois hommes poseront tout sourire (et sous un parapluie). Peillon et Philip auront un aparté pendant quelques courts instants. Mais la forme évite souvent que l'on parle du fond. Pourtant du fond, il y en avait lors de la réunion publique de Décines mardi soir.
Le fond
Devant 400 personnes, le discours des dirigeants du PS étaient empreints d'énergie et de conviction ce qui est plus difficile à trouver en ce moment au PS. Aux côtés de Vincent, se trouvaient Sylvie Guillaume (nème2 sur la liste), Karim Zéribi (nème3) et Farida Boudaoud (nème4). " Nous ne savons plus par quel bout prendre la parole sur l'Europe car nous ne démontrons pas suffisamment qu'il y a deux visions de l'Europe. Il y a une Europe de gauche et une Europe de droite. Nos électeurs sont perdus car nous n'affrontons pas suffisamment ces différences ! " clamait Vincent Peillon. Et d'annoncer que le PS est favorable à l'entrée de la Turquie dans l'Union ou encore à une politique de services publics européens. A Décines, la stratégie de campagne ne respectait visiblement les consignes nationales du PS réclamant un vote sanction contre Nicolas Sarkozy. Karim Zéribi pense même que " l'anti-sarkozysme n'a pas de sens dans les européennes ".
" Ils foutent quoi à Paris? "
D'ailleurs la question de savoir s'il y a de l'eau dans le gaz entre Vincent Peillon et la direction du PS se pose. " Si nous ne sommes pas devant l'UMP le soir du 7 juin, il s'agira de notre première grande défaite électorale. [D'après les sondages] il reste 4 points à prendre, ce n'est pas les autres qui vont les faire pour nous " s'énervait Vincent Peillon. En coulisse, il se fait vraiment pessimiste en craignant d'être sous la barre des 20% tout en s'interrogeant sur Martine Aubry : " elle ne fait pas campagne, on ne la voit pas. Notre discours est inaudible. Je sais pas ce qu'ils foutent à Paris ". Pour la première fois depuis 1979, le parti d'opposition risque d'arriver derrière le parti majoritaire.
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