Vendredi 2 septembre, Gérard Collomb présentait les deux navettes autonomes de la Confluence mises en place par la société Navly. Après ce lancement avec les journalistes et les officiels, nous sommes allés tester les véhicules ce lundi matin en situation normale. Pour l’instant, le service est encore en rodage.
Vendredi 2 septembre, journalistes, officiels et politiques ont pu tester les nouvelles navettes électriques autonomes Navya Arma à la Confluence (lire ici). Caméras et petits fours obligent, tout était fait pour que l'expérience se déroule sans accroc. Cette journée n'est pourtant pas révélatrice du fonctionnement et des véritables usages de ces véhicules sans conducteur. Ainsi, nous avons choisi d'aller tester les navettes ce lundi matin en conditions réelles, ce qui nous a permis de constater qu'elles sont encore largement en rodage.
Absence d’information voyageurs
Durant un an, deux navettes vont circuler gratuitement de 7h30 à 19h, entre le centre commercial Confluence et le bout du quai, à la hauteur du passage Magellan. Nous avons choisi de prendre l'une des Navya Arma à cet endroit. Premier constat : l'absence totale d'information voyageurs empêche de savoir à quelle heure arrive la navette. Il faut se contenter d'un panneau fixe annonçant vingt minutes d'attente en temps normal et dix minutes aux heures de pointe, matin, midi et soir. Faute de précision, impossible de savoir à quoi correspondent ces trois indications. Nous apprendrons plus tard que des ajustements sont en cours pour déterminer les heures de pointe.
À l'ère de la ville “intelligente”, cette absence d'information voyageurs est tout simplement incompréhensible. Aucune borne ou indication sur l'application TCL ne permet d'avoir une réponse. Si Navly veut jouer dans la cour des transports en commun pensés en matière d'usage, il est impératif de corriger ce problème ou qu'une application soit mise en ligne pour connaître les horaires, évitant aux voyageurs d'attendre pour rien en cas de perturbation sur le réseau.
Coïncidence, ce lundi matin à 8h30, une avarie empêchait les navettes d'aller jusqu'au terminus. Après vingt minutes d'attente, sans information donc, nous décidons de marcher jusqu'à l'arrêt suivant où un technicien constate qu'il y a bien un problème qu'il va faire remonter. Une dizaine de minutes plus tard, une navette arrive enfin, mais elle ne prend pas de voyageurs à cause d'un problème technique (qui l’empêche également d'aller jusqu'au terminus). Le personnel Keolis détaché pour l'exploitation de la navette explique qu'il faudra attendre encore un peu. La Navya Arma part vers le terminus pour un test avant de revenir à l'arrêt.
Enfin, nous pouvons monter à l'intérieur vers 9h10. Pour ce premier lundi, la foule ne se presse pas : nous sommes seuls avec deux salariés de Keolis alors que la navette peut accueillir quinze personnes. À cette heure-là, les salariés se déplacent dans le sens nord-sud et l'autre navette qui fait ce trajet accueille quatre personnes au même moment, accompagnateur inclus.
Pas de clim, mais heureusement des humains
Première étape, une fois à l'intérieur : il faut donner ses nom, prénom et une adresse mail. L’État a imposé cette condition pour l'expérimentation. Faute de climatisation, il fait un peu chaud dans la navette, qui a visiblement un peu de mal avec le passage sous la grue à hauteur des Salins : alors qu'aucun obstacle n'est présent sur la route à cet endroit, elle freine d'un coup sec. De même, à plusieurs reprises, elle se range sur le côté à des endroits dédiés pour laisser passer l'autre navette, censée arriver en face, alors que celle-ci n'est visiblement pas là. Pour ne pas perdre de temps, les opérateurs doivent à chaque fois relancer manuellement le trajet en appuyant sur l'écran tactile.
La fin du trajet se fait sans accroc. Deux voyageurs montent à Confluence et le personnel Keolis leur explique comment tout fonctionne avec pédagogie et sérieux. Pour un futur censé être sans chauffeur, aujourd'hui, le meilleur élément du trajet est paradoxalement la présence humaine à l'intérieur de Navya. Quelques mots échangés permettent d'apprendre que les tests du week-end ont été un succès, même si quelques petits malins ont tenté de voir les limites du système en passant devant (heureusement sans incident).
Il nous aura fallu une dizaine de minutes pour réaliser le trajet. À l'intérieur de la navette, deux choses attirent le regard : une manette Xbox 360 pour le pilotage manuel ainsi qu'un panneau signalant que les passagers sont filmés.
Souriez, vous êtes écouté
Acteurs de l'expérimentation, les voyageurs sont scrutés, mais aussi enregistrés. Le règlement intérieur du service stipule : "Navly informe que, pour des raisons de sécurité, il peut écouter l'ambiance sonore et visualiser les images vidéo prises à bord des navettes. Des enregistrements de ces écoutes sonores et vidéo peuvent être effectués par Navly. Toute personne le demandant pourra avoir accès aux enregistrements qui la concernent et en vérifier la destruction…" On évitera donc d'avoir des conversations trop importantes dans Navly, tout en gardant à l'esprit que l'on est l'un des cobayes de cette aventure…
Pour l’accessibilité, veuillez patienter
Ce même règlement indique que "les navettes ne sont pas accessibles aux fauteuils roulants", alors que le service a été présenté à la presse comme "accessible aux personnalités à mobilité réduite". Vendredi 2 septembre, Annie Guillemot, la présidente du Sytral, avait même indiqué que le réseau TCL était "l'un des plus accessibles de France". Selon nos informations, des rampes pour fauteuil roulant devraient être mises en place au cours de l'année d'expérimentation. En attendant, les personnes à mobilité réduite sont exclues de "cette révolution" alors qu'elle était tout indiquée pour ceux qui ne peuvent pas forcément faire ce trajet à pied.
Verdict
Service en cours de rodage, absence d'information voyageurs, accessibilité réduite pour le moment, Navly commence juste son aventure. Ces navettes doivent être avant tout vues comme une expérimentation et ne peuvent être considérées pour le moment comme des moyens de transport à part entière. Les équipes ont désormais un an pour trouver le bon rythme et améliorer le service. En attendant, les plus pressés et moins curieux pourront privilégier la marche à pied ou continuer d'utiliser le bus S1.
Cela dit: un transport commun privé, en tout cas l'essentiel est retenu pour être au profit de tous.
La belle technologie pour être au profit de peu de personne, ben ça vaut mieux que rien en tout cas