Réfléchir à notre monde, aller au-delà d’une logique binaire, c’est ce que proposent les Célestins la saison prochaine, en invitant des stars de la scène mais aussi de jeunes compagnies, venues de différents horizons.
Lors de l’occupation en avril dernier du théâtre des Célestins par les intermittents du spectacle en lutte, l’un d’entre eux avait déclaré à Marc Lesage que les Célestins étaient “un théâtre bourgeois”. Une remarque qui avait profondément agacé le codirecteur du lieu (avec Claudia Stavisky) tant le théâtre municipal œuvre depuis des années à présenter une affiche moderne, soucieuse d’offrir une réflexion sans concession sur le monde tel qu’il va mal. Sans compter les actions artistiques engagées dans des quartiers peu favorisés. Les premières représentations de La Chose publique, projet emblématique en ce sens, verront d’ailleurs le jour fin 2016 à Vaulx-en-Velin et le 5 janvier 2017 aux Célestins. Reste qu’une programmation théâtrale est toujours une alchimie composée d’ingrédients divers.
Des vedettes qui méritent notre confiance
Il y a belle lurette que les Célestins ne tablent plus sur la présence de noms connus (le plus souvent par des prestations sur écran plutôt que sur les planches) pour attirer les foules. Il n’empêche que, lorsque des vedettes se mettent au service de projets ambitieux, l’attraction est légitime.
On suivra donc avec attention Karin Viard dans Véra, mis en scène par l’excellent Marcial di Fonzo Bo. Elle sera la directrice de casting assoiffée de reconnaissance imaginée par le dramaturge pragois Petr Zelenka. De même que l’on guettera l’interprétation de Pierre Arditi du Cas Sneijder, le roman de Jean-Paul Dubois adapté à la scène par Didier Bezace. Romane Bohringer et Hippolyte Girardot mettront leur talent au service de Terre noire, une pièce de Stefano Massini mise en scène par Irina Brook. Tandis que Charles Berling sera l’un des héros de Vu du pont, d’Arthur Miller, dans une mise en scène signée par l’un des maîtres internationaux en la matière, Ivo Van Hove.
Adaptation de grands romans contemporains
Tout comme le cinéma, l’art dramatique puise parfois son inspiration dans la littérature, les romans d’aujourd’hui. À cet égard, l’adaptation scénique du roman fleuve de William T. Vollmann La Famille royale fait d’autant plus saliver que l’on a pu en voir un extrait ultra prometteur cette année. Parfumée de stupre, de violence et de scandale, cette histoire de la “reine des putes” fait l’objet d’un travail ambitieux du collectif La Meute mené par Thierry Jolivet.
Autre projet alléchant et littéraire, Réparer les vivants, une adaptation scénique dirigée par Sylvain Maurice du très remarqué roman éponyme de Maylis de Kerangal. Avec la promesse d’un suspense haletant…
Signalons aussi une adaptation théâtrale de l’œuvre de Dostoïevski Les Frères Karamazov, concoctée par l’un des plus talentueux de nos jeunes metteurs en scène, Jean Bellorini. (Ce spectacle figure dans la programmation du “in” d’Avignon.)
Du local à l’international
Les Célestins ont toujours eu à cœur d’accueillir les plus talentueux metteurs en scène de notre région mais aussi quelques-uns des plus remarquables acteurs de la scène internationale. Côté local, la codirectrice des lieux, Claudia Stavisky, a choisi de mettre en scène Tableau d’une exécution, œuvre complexe et emblématique du dramaturge anglais Howard Barker. On retrouvera dans la distribution David Ayala, remarquable comédien qui est aussi metteur en scène. Il le prouvera avec son spectacle Le vent se lève (Les Idiots/Irrécupérable ?), basé sur des textes de Guy Debord, Philippe Muray, Pasolini, Sade…
Autre artiste “régional”, Sarkis Tcheumlekdjian proposera Andorra, d’après Max Frisch.
Enfin, pour ce qui est de la découverte d’artistes étrangers, notez Acceso, écrit et joué par Roberto Farias, qui nous emmène dans le Chili d’aujourd’hui. Ou encore Rocco et ses frères, une production internationale s’il en est, puisqu’elle est mise en scène par un Australien (Simon Stone) qui a dirigé une troupe d’acteurs munichois interprétant un spectacle tiré d’un film italien (réalisé par Luchino Visconti, sorti en 1960)…
Pour toutes les informations pratiques sur le théâtre des Célestins, cliquer ici.
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