Un état des lieux déplorable

En janvier 2009, Jean-Marie Delarue, le tout nouveau Contrôleur général des lieux de privation de liberté publiait pour la première fois au Journal officiel ses recommandations sur une prison française : celle de Villefranche-sur-Saône.

Ces recommandations s’appliquent à d’autres prisons françaises”. Dans son rapport, le Contrôleur Général peint le portrait au vitriol d’une prison pourtant considérée comme un modèle par l’administration pénitentiaire. Peu touchée par la surpopulation, elle est en effet pilote pour l’application des règles pénitentiaires européennes. Il pointe une série de dysfonctionnements : une direction qui connaît mal la détention car elle assurerait “dans des conditions difficiles une tâche très lourde” ; des “possibilités de recours des détenus contre les décisions qui leur sont applicables, insuffisamment développées” ; des cours de promenade devenues des “lieux de tous les dangers” ; la pause de grillages métalliques qui “plongent la cellule dans une quasi-obscurité” et enfin le “découragement” des agents du SPIP “surchargés de tâches bureaucratiques et de cas à traiter”.

Pour diminuer les chances de réception des projectiles et de jets de détritus depuis les cellules, l’administration multiplie à la place des barreaux aux fenêtres, des caillebotis, sorte de grillages épais et serrés. Cela a pour effet de plonger les cellules dans la journée dans une quasi-obscurité. Ces dispositifs peuvent même avoir pour effet de les priver de toute vision du ciel. Ils aggravent la vie cellulaire déjà difficile, attisent les sentiments dépressifs”. Un proche d’un détenu témoigne : “même les animaux, on ne les fait pas vivre dans ces conditions-là”.

La cour : une zone d’ultra-violence

Le 31 août dernier, une violente bagarre a opposé une quinzaine de détenus. Les cours de promenade sont les lieux de tous les dangers : menaces, rackets, violences, jets de projectiles, trafics... Elles sont le réceptacle de toutes les tensions, d’autant plus vives que les détenus sont massivement privés d’activités. Le personnel ne s’y introduit jamais avec eux et surveille ces cours depuis des postes avoisinants ou par vidéosurveillance. Elles constituent paradoxalement un espace dépourvu de règles dans des établissements soumis à des normes multiples et incessantes. En cas de rixe, il faut attendre que les détenus aient réintégré le bâtiment pour reprendre le contrôle de la situation. Conséquences : le plus fort impose sa loi, des blessures graves sont fréquemment constatées et bon nombre de détenus refusent d’aller en promenade, de peur des agressions”.

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