Une cellule qui tourne à plein régime. (Article paru dans le numéro d'avril de Lyon Capitale)
Les travailleurs lyonnais sont chanceux. Ils souffrent autant que les autres mais peuvent s'appuyer sur un réseau unique en France, hors Paris.
Il n'est pas gratuit, 20 euros l'adhésion, mais le réseau Souffrance et Travail, créé en 2006 par le groupe Mutuelles de France, reçoit de plus en plus de salariés. "Nous sommes plus connus qu'avant et puis avec la crise, plus de gens souffrent", soutient Cécilia Pita, secrétaire général du réseau lyonnais.
La mutuelle ne propose pas de soin mais une aide basée sur l'écoute. Le patient suit une série d'entretiens avec des intervenants de l'équipe qui peuvent être un conseiller juridique, un médecin du travail, un psychologue ou une psychodynamicienne.
"Si le système de la médecine du travail fonctionnait correctement nous n'existerions pas. Mais les gens n'ont pas confiance en eux. On pourrait penser qu'ils sont là pour s'occuper des travailleurs en difficultés. Mais non, depuis 60 ans, les médecins du travail débitent des fiches d'aptitude dont l'intérêt en terme de prévention est nul. Alors, les travailleurs viennent nous voir. Nous les recevons généralement le soir car il faut prendre le temps du récit. Après deux ou trois consultations qui durent en moyenne deux heures, ils se sentent mieux et ne reviennent plus", souligne Annie Deveaux, médecin du travail dans le Rhône et membre du réseau.
Les clients de cette cellule atypique sont des employés au bord de la crise de nerfs, des personnes qui s'estiment harcelées. "Ils arrivent abattus. Ils se sentent mal et n'arrivent plus à faire leur travail. A la maison, ils ne dorment plus, ne supportent plus leurs enfants et certains sont même sous antidépresseurs", poursuit le docteur.
Une démarche de soins centrée sur le travail
Proches des analyses développées par le chercheur en médecine du travail Philippe Davezies et par le psychiatre Christophe Dejours, les intervenants de la Mutuelle développent des analyses en consultation où l'on ne travaille pas simplement les enjeux personnels mais la façon dont les patients essayent de l'exprimer dans le travail.
Le docteur Annie Deveaux explique : "on les aide à se réapproprier leur histoire au travail, pas simplement leur histoire infantile. On les aide à reconstruire leur capacité à discuter, à s'expliquer avec leurs collègues, avec leur conjoint sur les questions du travail. Il faut aider les gens à comprendre, les remettre dans une position d'acteur et sortir de la victimisation".
Quand le travail fait souffrir
Caisse d'Epargne : l'écureuil épargne des antidépresseurs
Souffrance au travail : détectez votre niveau de stress
Stress : les nouvelles pathologies
Toujours plus de souffrance au travail
Stress : ces travailleurs qui craquent
Stress au travail : à Lyon, une permanence pour ceux qui souffrent
Jean Furtos : 'Cadres et SDF sont atteints de la même pathologie'