Je suis journaliste sportif. C’est-à-dire qu’un dieu, quel qu’il soit, m’a conféré le pouvoir de trouver une logique dans la course de bonshommes en short. Et ce toutes disciplines confondues. Alors comme mes fins de mois sont un peu difficiles - non pas que Lyon Capitale ne paie pas bien mais plutôt que je ne travaille pas beaucoup - je me suis laissé tenter par l’idée de monnayer mes pouvoirs sur des sites de paris en ligne.
Assez peu calé en la matière, je m’oriente vers une société dont j’ai vu le nom sur le maillot d’une équipe de foot. Je décide de jouer petit en créditant mon compte virtuel de 40 euros. Sauf que mon cyber bookmaker me répond que ma banque n’est pas tout à fait d’accord. Étant pour une fois dans le vert, je m’indigne et décroche mon téléphone. Mon conseiller me rétorque que ma banque bloque les paiements sur certains sites dont ceux de jeux et de paris en ligne.
“Le système est bien foutu, les paris sûrs ne rapportent rien”
Quelques jours plus tard, le problème résolu, je me lance sans vraiment réfléchir dans l’aventure. Ma nouvelle passion commence un mardi. J’aurais pu rêver mieux.
À part du tennis, pas grand chose sur quoi miser ma chemise. J’apprendrai vite que le tennis occupe les journées de tous les parieurs. Je mise petit, 1 euro, pour commencer.
Alternant paris risqués et d’autres où je suis à peu près convaincu de gagner, la stratégie ne s’avère pas payante. J’ai même les poches un peu plus percées. Le lendemain, je rajoute une dose de foot et de basket dans mes paris. Deux sports où je suis censé être plus calé. Résultat : je perds neuf fois sur treize mais mes pertes ne sont pas énormes.
Je ne gagne rien et surtout je passe une grosse demi-heure par jour à parier, regarder les résultats et des statistiques. Mais je ne vois pas comment gagner de l’argent.
Le système est bien foutu, les paris sûrs ne rapportent rien. La prise de risque non plus. Trop aléatoire. Difficile donc de gagner beaucoup. Saloperie de tennis.
Depuis que je parie, j’ai l’impression que le sport n’est plus régi par aucune logique sportive : les Français gagnent dans presque toutes les disciplines. Quitte à vivre l’aventure à fond, je me lance dans des paris hallucinants. Je mise sur le championnat allemand de rugby dont j’ignorais l’existence, sur des matches de basket finlandais.
Pas vraiment courageux, je parie uniquement sur des grosses cotes et encaisse un peu. En fait, on peut parier sur tout même des sports que l’on ne verra jamais en France : sport gaélique, lacrosse, unihockey. J’essaierai bien pour le fun mais après une grosse semaine, j’ai déjà perdu une vingtaine d’euros. Je n’ai gagné de l’argent qu’un jour et à dose homéopathique. Finalement, je vais travailler plus pour gagner plus. Saloperie de tennis.
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