Rencontre avec des croupiers tout juste sortis de Cerrus, l’école privée spécialisée dont le siège social est basé à Lyon.
Jeunes et enthousiastes. La petite brochette de croupiers, pourrait poser pour une plaquette publicitaire d’école de commerce pour bacheliers égarés ou indécis. Cécile, Leïla, Jocelyn et Benoît, même pas trentenaires, officient tous dans la salle de jeux traditionnels (poker, blackjack, roulettes française et anglaise) du casino le Lyon Vert, à Charbonnières.
Voyage à Vegas
Il y a encore quinze ans, seuls les gens cooptés pénétraient ces maisons, pour jeter la boule, compter les mises et distribuer les jetons. “Moi je ne savais même pas jouer aux cartes, raconte Cécile, j’ai un CAP de coiffure mais je n’en pouvais plus de ce métier.” Leïla avait envie d’un job “en décalage”. Benoît avait pour sa part déjà travaillé dans ce qu’il appelle “le monde de la nuit”, dans des clubs. Cette fois, il peut y évoluer auréolé d’un certain “prestige”, en tout cas d’un savoir-faire singulier. Pour Jocelyn, c’est aussi un ras-le-bol, celui des petits boulots, qui l’a conduit à regarder du côté d’un métier “permettant de voyager”. En ligne de mire, l’Angleterre et, peut-être aussi, un jour, Las Vegas : “rien que six mois là-bas, ce serait fou”. Leïla, qui fait partie des 38% de femmes croupiers en France, ne partage pas cet enthousiasme. “Plutôt bien à Lyon”, elle ferait même basculer le stéréotype sulfureux du croupier-filou dans une version soft, voire pépère, de commercial/agent d’accueil tout ce qu’il y a de plus classique.
“Pour nous, les jetons, c’est du plastique”
Si ces quatre trajectoires sont différentes les unes des autres, il semble que le point commun de ces jeunes manipulateurs de jetons, qui ne cessent d’ailleurs de les faire virevolter et tourner dans leurs doigts pendant notre entretien, soit... le hasard. Aucun de ces croupiers n’a jamais rêvé de ce métier avant de tomber sur l’opportunité d’un job “stable”. Évoquant le cliché du croupier margoulin, tous s’accordent à dire que s’il était possible de gagner grâce à des martingales et autres tricheries, ils ne seraient certainement pas croupiers mais plutôt joueurs. “Pour nous, les jetons, c’est du plastique, c’est un outil de travail, mais surtout pas de l’argent”, résume Benoît. Pas de quoi faire tourner la tête à ces professionnels qui commencent leur carrière au SMIC, “bien au contraire”.
- Pourquoi libéraliser le marché des jeux ?
- Les enjeux de la libéralisation du marché des jeux
- Interdire la pub ?
- La folie du rapido
- 100% des perdants ont cru en leur chance
- "Jouer c'est interroger Dieu"
- Municipalités et casinos : des liaisons dangereuses
- Lyon remet en jeu le Pharaon
- 150 habitants contre un casino
- Ce soir, pas de jackpot
- Les bandits-manchots portent bien leur nom
- La jeune garde du blackjack
- Le poker ou le risque démocratisé
- Une soirée avec les pros
- J'ai testé les paris en ligne
- Un "gameland" unique en France
- Malade du jeu, rien ne va plus !
- "Il faut lancer une grande enquête épidémiologique"
- Addiction sans drogue : Le cerveau prend goût au jeu